Un verre de lait chaud (PV: Azuria)

Azuria s'était retrouvé à Prontera, se demandant encore ce qui avait bien pu la pousser à se montrer au grand jour dans une telle cité. Néanmoins, elle savait parfaitement qu'elle ne courait aucun danger, étant sur un territoire allié. Elle soupira faiblement en arrivant aux portes et laissa tomber sa main pour que Stelmar puisse venir s'y glisser agilement. En sentant la fourrure douce sous ses doigts, la jeune fille reprit peu à peu confiance et un léger sourire éclaira les traits de son visage, caché par la capuche qu'elle portait sur sa tête. Elle n'appréciait guère être à la vue de tous, se doutant d’être reconnaissable avec sa chevelure blanche. Elle s'accroupit, se mettant ainsi au niveau du visage de son familier.
- Penses-tu vraiment que nous devrions y entrer ? Je ne sais pas pourquoi... Mais j'ai un pressentiment étrange, avoua-t-elle avec une certaine gêne. De plus, nous n'avons, tout les deux, pas l'habitude des villes aussi grandes.
- Ne t'en fais pas, se contenta de répondre le léopard des neiges. Tu as juré à ton clan de visiter chaque ville pour voir si nos alliances étaient toujours en vigueur. Je pense qu'ici tu n'as rien à craindre.
La derviche acquiesça d'un léger signe de tête, sachant qu'il avait parfaitement raison. Elle se redressa alors, fixant toujours les portes grandes ouvertes qui donnaient une vue sur les habitants ainsi que quelques demeures sommaires. Tenant sa faux depuis son arrivée dans sa main droite, elle la mit délicatement dans son dos pour adopter une attitude aussi amicale qu'il lui était possible. Deux gardes, depuis tout à l'heure, l'observaient, interloqués par une telle personne.
Ne prenant pas attention à eux, la légende des derviches s'avança pour enfin pénétrer dans les rues bondées de la capitale. Elle n'avait aucun mal à se faufiler à travers l'amas de femmes et d'hommes, Stelmar émettant un faible grognement à quiconque se trouvait trop près d'eux. Cela n'avait rien d'agressif mais faisait passer un message explicite pour tous. Alors, effrayés, les passants s'écartaient pour laisser place à ce couple des plus inhabituel.
Au bout de quelques minutes de marche incessante, Azuria et le léopard se retrouvèrent devant une auberge qui semblait enfin digne de confiance. N'hésitant pas un seul instant, ils y entrèrent et la jeune fille s'approcha d'un pas vif vers le comptoir derrière lequel se trouvait le propriétaire de l'établissement. Se trouvant de dos, elle dû prouver sa présence à cet homme en frappant faiblement sur le bois qui composait le comptoir. L'aubergiste se retourna, nullement surpris. Il la regarda dans les yeux, essayant de déceler les pensées de la derviche. Cependant, c'était peine perdue. Voulant mettre fin à cet échange assez désagréable, elle passa sa commande.
- Bien le bonjour, je voudrais un simple verre d'eau et un bol de lait pour mon ami ici présent, ajouta-t-elle en baissant les yeux vers Stelmar, caché par le comptoir.
Curieux, le gérant se pencha pour apercevoir l'ami dont elle parlait. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit un léopard, assis sur ses postérieurs, le fixant d'un air grave. Ne voulant pas en demander plus, il s'éloigna pour satisfaire sa nouvelle cliente. Celle-ci, profitant d'un moment de répit, laissa son regard parcourir le reste de la salle qui semblait bien animée. Pouvoir enfin se poser lui faisait un bien fou. Plusieurs jours déjà s’étaient écoulés sans qu’elle ne puisse avoir un moment de répit. De plus, son avènement au titre de légende de son clan n’avait pas arrangé les choses, lui donnant encore plus de travail. Néanmoins, elle en était fière et pour rien au monde elle n’aurait refuser un tel devoir en tant que femme et derviche.

Kara regarda la jeune femme qui venait d'entrer avec une panthère des neiges ce qui l'a surpris. Plutôt normal non? Elle regarda cette femme portant une capuche jusqu'à ce qu'elle lui tourne le dos pour aller au comptoir. Elle avait frappé sur le bois, pas fort, juste de quoi retenir l'attention de l'aubergiste qui s'était empressé de la servir. Il apporta en premier lieu ce que Kara avait commandé, la jeune femme étant là depuis un peu plus longtemps que cette nouvelle venue. Elle remercia l'aubergiste d'un signe de tête ne voulant pas rompre le silence qui traînait dans l'auberge entière. Le dernier client partit et dans la salle ne restait plus que l'aubergiste, l'inconnue avec sa panthère et Kara.
L'homme revint ensuite avec ce que cette femme lui avait commandé. Kara avait les yeux rivés sur sa panthère, la trouvant magnifique. Elle aurait bien aimé pouvoir dévisager la maîtresse de l'animal mais la cape que celle-ci portait l'en empêchait. Quel âge pouvait-elle avoir? D'où venait-elle? Qui était-elle? Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête au point que quand la jeune fille posa à nouveau son regard dans son assiette elle avait tout vidé. L'aubergiste revint et emporta le tout en lui souriant. Il vint ensuite s'installer à ses côtés:

-Et tes parents comment vont-ils? Ca fait bientôt un mois qu'on ne les a plus vus...

Kara le regarda, ses yeux s'accrochant dans ceux de l'homme. Sa voix était faible et hésitante. Apparemment, les blessures que lui portait la mort de ses parents n'étaient pas refermées. Mais le seraient-elles seulement un jour?

-Ils... Ils sont morts... Je... Je pensais que... Que tu étais au courant...

L'aubergiste perdit son sourire et la regarda. Les yeux de celui-ci s'humidifièrent mais aucunes larmes ne coula. Il était triste et ça se voyait assez.

-Oh... Kara... Je l'ignorais... Mais co...
-Comment? Le roi les a fait tuer! Ils ont tout brûlé, il ne reste rien! J'ai du enterré leurs cadavres en creusant leurs tombes de mes mains!

Kara avait parlé plus fort sans toute fois haussé le ton. Ses yeux étaient maintenant plein de haine et son envie de vengeance ressortit à la surface. L'aubergiste s'excusa et se retira disant qu'il voulait du repos. C'était compréhensible... Après tout... Son père avait été un de ses meilleurs amis... La jeune femme avait maintenant le regard vide et vitreux. Elle ne pensait plus à rien et était immobilisée comme une statue de marbre.

Azuria, qui n'avait pas bougé du comptoir depuis son arrivée, attendit patiemment qu'on lui serve enfin ce qu'elle venait de commander. Elle était interloquée par cette femme qui se trouvait non loin d'eux et qui la fixait ainsi que Stelmar. Celui-ci était, par contre, indifférent au regard qu'on lui portait. Il faisait mine de ne rien voir mais au fond, il partageait les impressions de sa maîtresse. Il avait néanmoins l'habitude qu'on lui porte attention et n'en avait que faire que cela arrive une fois de plus. La jeune fille se mit alors de dos, cachant au mieux son visage. Elle n'appréciait pas qu'on s'intéresse ainsi à elle et trouvait cela même étrange. De plus, elle avait la mauvaise habitude de se méfier des inconnus. Soudain, un doute traversa son esprit, l'inquiétant légèrement. Sans faire le moindre mouvement, elle s'adressa dans un murmure au léopard.
- Crois-tu que cette femme est une sage ? Je préfère me méfier si tu vois pourquoi... Déclara-t-elle, songeuse. Je me demande d'ailleurs ce que mon père est en train de trafiquer. J'ai appris par quelques derviches que j'étais recherchée. Je n'aime pas cela du tout... Les choses prennent une tournure à laquelle je ne m'attendais pas.
- J'en suis conscient et je t'avoue que cela ne me plaît pas le moins du monde. Mais cette femme n'a pas du tout l'air d'une sage. Regarde à son flan, elle porte une épée... Peut-être est-ce une chevalière. En tout cas tu ferrais mieux d'aller voir ce qu'elle nous veut avant que ce ne soit elle qui fasse le premier pas.
La derviche fronça légèrement les sourcils, troublée par ce que venait de lui dire son familier. Elle tourna la tête vers lui, le regardant d'un air étonné. Elle glissa sa main qu'elle avait posé sur le comptoir, sentant la faux dans son dos suivre le moindre de ses mouvements.
- Il est hors de question que je fasse cela. Il en va de ma dignité. Je ne vois pas du tout pourquoi elle t'intéresse tant. Elle...
- Regarde et écoute avant de critiquer, répliqua Stelmar en la coupant sans gêne.
Après cela, l'aubergiste arriva avec leur commande. Il mit le verre d'eau d'un geste las sur le comptoir et se pencha pour déposer en vitesse le bol de lait près de l'animal. Dans sa façon d'agir, cela se voyait qu'il n’avait nullement envie de se retrouver face aux crocs du léopard des neiges. Ce comportement fit naître sur le visage de la légende des derviches un léger sourire amusé. Puis, l'homme, ne voulant pas demander son reste, s'éloigna pour rejoindre cette femme étrange qui se trouvait quelques tables plus loin.
Azuria, curieuse après ce que lui avait dit Stelmar, prit un air distant pour qu'on ne la soupçonne pas d'écouter leur conversation. Cependant, elle n'eut pas le besoin de se faire discrète quand les paroles de la femme résonnèrent en écho dans la salle déserte. Elle portait en elle une haine sans pareille, la derviche le sentait bien. Elle avait connut cela quelques années plus tôt et ne pouvait que comprendre cette douleur. Sans s'en rendre compte, elle se compara à cette inconnue qui était à la limite de déchaîner la colère profonde qui sommeillait en elle. L'aubergiste, tout aussi touché par ces paroles, s'éloigna pour disparaître dans l'entrebâillement d'une porte, laissant ses deux seules clientes entre elles.
Profitant de ce moment de répit, Azuria se détacha du comptoir qu'elle n'avait pas quitté depuis son arrivée et s'approcha silencieusement de l'étrangère. Elle affichait toujours un air calme et serein, gardant ses émotions ainsi que ses pensées pour elle. Stelmar à sa suite, ils vinrent tout deux à la rencontre de cette femme. Ce fut tout d'abord le silence complet entre elle, ce qui n'avait rien d'étonnant. De plus, l'inconnue semblait comme absente, perdues dans le cours de ses idées. Décidant de mettre fin à ce passage embarrassant, surtout pour elle, Azuria brisa le silence pesant qui régnait dans l'auberge.
- Bien le bonjour. Peut-être vous semblerais-je indiscrète mais j'ai entendu les derniers mots de votre conversation. Je ne puis essayer de vous consoler mais je comprends votre douleur. Il est toujours dur de perdre un être qui vous est cher.
Sa capuche toujours rabattue sur son visage, la jeune fille aurait pu paraître effrayante. Mais sa voix brisait facilement cette impression d'horreur. Elle tentait encore de se cacher à cette femme, ne sachant si elle pouvait lui accorder sa confiance pour le moment.

Kara n’avait pas entendu les pas de l'étrangère qui s'approchait d'elle. Ce n'est pas qu'elle avait été silencieuse en voulant aller à sa rencontre mais la jeune fille était perdue dans ses souvenirs. Elle ne tilta même pas quand l'étrangère arriva à ses côtés mais ça voit la fit sursauter en même temps que dissiper ses pensées. Elle cligna ses yeux et ils redevinrent plein de vie. Elle regarda autour d'elle et soupira en voyant qu'elle était dans l'auberge et non aux côtés de ses parents quelques années plus tôt comme ses songes le lui avaient fait croire. Elle regarda de côté et vit la panthère. C'est là qu'elle comprit qui l'avait sortit de son absence. Elle leva les yeux vers l'inconnue :

-Bonsoir...

Elle avait entendu la conversation avec l'aubergiste? Kara eut soudain un air gêné:

-Oh non... Vous n'êtes pas indiscrète... Je... Je ne pensais pas avoir parlé si fort que ça... Mais si c'est le cas ça n'a rien d'étonnent. Je pense que vous êtes en mesure de comprendre si vous aussi avez perdu un être cher ou même plusieurs... Si je vous ai dérangé, je m'en excuse...

Kara adressa à l'inconnue et l'animal un petit sourire. Elle regarda ensuite devant elle. L'auberge était pratiquement vide et elle venait de le remarquer. Eh bien... Ce lieu avait perdu de son importance à en conclure l'absence des clients. Avant l'endroit grouillait d'hommes et de femmes. De toute façon, ce n'était pas ses affaires. Elle aiderait l'aubergiste quand sa quête personnelle aura été achevée. Une chose après l'autre... Si on commençait à tout mélanger, on ne s'en sortirait jamais. D' après la voix de l'inconnue, celle-ci avait l'air plus âgé que Kara. Elle ne pouvait pas vraiment le confirmer vu que cette femme à la panthère n'avait toujours pas enlevé sa capuche mais en tout cas, Kara reflétait bien son âge: une jeune fille de dix-sept ans peut-être à l'apparence d'un an plus âgé à première vu si on ne la connaissait pas mais pas plus.

-Je ne vous ai encore jamais par ici...

Kara leva à nouveau les yeux sur cette inconnue qui l'intriguait au plus au point. Elle devait avoir une bonne raison pour dissimuler son visage surtout dans cette auberge qui était vide.

Azuria ne pu réprimer un sourire d'amusement à l'entente de cette remarque qui était tout à fait exacte. Elle n'avait jamais mit les pieds dans la cité et sa venue n'avait rien de normal. Elle l'avait déjà comprit pendant qu'elle traversait les rues de Prontera. Les gens la regardaient de façon si intrigante qu'elle aurait pu se croire agressée. Cependant, la jeune fille avait amplement l'habitude qu'on la regarde ainsi, ayant toujours été considérée comme un objet emplit de mystère pendant son long séjour chez les sages. Elle restait néanmoins de marbre à cette question, hésitant quelque peu à y répondre. Ce fut Stelmar qui la sortit de sa rêverie en sautant sur la table de bois. Il renversa le verre de lait vide qui était disposé, faisant passer cela comme un accident. Il tomba de la table pour se briser en mille morceaux, à quelques centimètres à peine du pied de sa maîtresse. Celle-ci fronça légèrement les sourcils, n'appréciant guère ce genre de comportement de la part de l'animal. Elle releva la tête, fixant la jeune inconnue dans les yeux. L'ombre qui cachait son visage se dissipa alors, laissant voir son menton ainsi que sa bouche.
- Cela est fort possible puisque je n'ai jamais mis les pieds dans la ville auparavant. Je ne suis pas du genre à m'exposer devant des passants indiscret qui remplissent la capitale. Je préfère rester discrète, je crois que vous l'auriez remarqué... Mais j'ai l'impression qu'il est rare pour ces gens de croiser des derviches, non ? J'ai été accueillit d'une façon très surprenante.
En disant cela, la légende bougea faiblement son épaule pour laisser apparaître la lame aiguisée de la faux qui se trouvait dans son dos. Pour une raison qui lui échappait, elle n'arrivait pas à s'éloigner, intéressée inconsciemment par cette femme qui lui faisait face. En tant normal, elle serait déjà partie depuis longtemps, ne prenant pas garde aux personnes qui l'entouraient. Cependant, cette inconnue était différente des autres femmes qu'elle avait l'occasion de croiser durant son voyage et qui n'était pas une derviche. Elle brisait l'image qu'Azuria s'était faîte des autres. Elle ne leur ressemblait pas et dans son regard et sa façon d'être, étrangement, la jeune fille se reconnaissait.
- Je suis originaire de la cité de Juno et je n'avais encore jamais eut l'occasion de me rendre ici. Mais vous... Vous semblez connaître cette en voyant l'aisance avec laquelle vous parliez à l'aubergiste tout à l'heure. Et pour vous répondre, vous ne nous avez en aucun cas gêné. Je commençais même à me demander s'il y avait quelqu'un d'intéressant dans cette morne ville. Désolée si je vexe l'endroit où vous avez vécu.
Azuria marqua une courte pause, posant son regard sur Stelmar. Il venait de s'asseoir face à la jeune fille, agitant sa queue en tout sens. Il semblait impatient et c'était tout à fait compréhensible. Il voulait à son tour quitter la ville, sentiment qui n'était pas partagé par la derviche. Elle voulait désormais connaître cette étrangère et n'était pas prête de lâcher l'affaire. C'est alors qu'elle s'aperçut qu'elle n'avait même pas connaissance de son nom. Elle s'empressa de remédier à cette erreur.
- Au fait... Puis-je savoir votre nom ?
Soudain, le léopard tourna la tête pour lui adresser un regard noir qu'elle se dépêcha de lui rendre. Elle sentait sa tension brusque et son énervement. Se demandant pourquoi Stelmar agissait ainsi, la légende retrouva une méfiance qu'elle perdait au fil de la conversation.

Kara put enfin discerner une partie du visage de cette inconnue. Elle l'écouta sans bouger, prouvant ainsi qu'elle était intéressée par ce que cette femme lui disait. Au fil que les secondes passaient, elle pouvait peu à peu empêcher ce voile qui couvrait cette femme à la panthère. Alors c'était une derviche. La jeune femme avait toujours tenu ces personnes en haute estime.

-Oui... Les gens de Prontera n'ont pas l'habitude des nouveautés... Ils sont dans leur bulle si on peut dire et n'aime pas vraiment les différences. Je suppose que c'est compréhensible. Prontera étant la capitale, les gens en sont fiers et ont peur que cela change...

Elle fronça les sourcils et s'accouda, passant ainsi sa main dans ses cheveux qui se détachèrent. Elle n'avait pas de quoi les nouer et avait donc fait un nœud dedans pour les tenir un minimum. Ils étaient plutôt longs, laissant un dégradé juste au niveau de son visage. Si elle se mettait debout, sa chevelure lui arrivait presque jusqu'au bas du dos.

-Qu'est ce qui m'arrive à dire des bêtises dans ce genre?

Elle soupira tout en faisant un signe de négation avec sa tête. Son regard alla ensuite sur la faux de cette femme dont elle ignorait toujours le nom. Mais rein en pressait... Elle voulait être discrète sur sa personnalité et elle la respecterait.

-Alors vous venez de chez ces chers sages?

Elle avait dit le mot cher avec ironie. Elle ne les portait pas dans son cœur, c'était sûr. Et il y avait des raisons à cela: d'après elle, ils n'étaient bons qu'à rester planqué dans leur ville de Juno. Quand on a besoin d'eux, ils ne sont jamais là mais par contre quand eux ont besoin de vous, alors là il s'empresse de venir à votre rencontre. Une attitude que le jeune Kara détestait tout particulièrement. Elle regarda le verre se briser. Elle ne réagit pas ne pouvant connaître les pensées de l'animal. Il voulait montrer son mécontentement? Qu'il le fasse... Elle n'allait pas aller contre.

-Euh... Excusez moi je ne voulais pas vous vexer. Et je suis d'accord avec vous... Il est vrai qu'il n'y a pas de personnes vraiment intéressantes ici... Mais je pense qu'avec un déclencheur, certains de ces habitants peuvent le devenir... Oui je connais bien cette ville... J'y est grandie puis j'ai du partir un peu plus tard.

Puis, l'inconnue lui demanda son nom. Elle la regarda et lui sourit:

-Bien sûr... Je m'appelle Kara... Kara Luinil...

Azuria avait légèrement froncé les sourcils lorsque Kara lui avait parlé des sages. Cependant, elle avait été amusée par la manière avec laquelle elle s'était excusée. Cela ne servait à rien puisque elle-même, ne portait pas ces personnes en estime, au contraire. La jeune fille ne pouvait supporter ne serait-ce que l'allusion de son rapport, ancien soit-il, avec ces hommes. Elle avait bien trop de mauvais souvenirs attachés à leur image et elle ne pu alors réprimer une grimace de dégoût. Sentant la révolte et la colère de sa maîtresse, Stelmar s'approcha d'elle, descendant d'un bond de la table. Il vint se coller à ses jambes pour s'y frotter et ainsi, lui prouver qu'elle n'était pas seule. En voyant ce signe d'affection, celle-ci se calma alors pour reprendre son air serein qui lui était propre. Elle baissa un instant la tête pour croiser le regard troublant du léopard, ce qui la rassurait plus que tout au monde. Puis, ne voulant pas rester silencieuse plus longtemps par politesse, la derviche reprit la conversation.
- Ravie de vous rencontrer Kara... Mais il ne servait à rien de vous excuser. Je n'ai moi-même aucun regret d'avoir quitté les sages de Juno. Ils m'ont amplement dégoûté par leur manière de penser et de vivre. Ils m'ont obligé à être l'une des leurs, ce que j'ai refusé corps et âme. Mon destin n'était pas de devenir une sage mais de suivre le chemin que m'avait tracé une autre partie de ma famille.
Marquant une courte pause, elle reprit son souffle l'espace d'un instant. Le familier, qui restait continuellement sur ses gardes, lui mordilla légèrement la main, lui conseillant de ne pas raconter tout son passé à une étrangère. Cependant, la derviche ne l'écouta pas. Elle sentait bien que même Stelmar n'avait rien contre cette femme. Décidant alors de lui accorder sa confiance et malgré les avertissements silencieux de l'animal, elle abaissa sa capuche pour laisser apparaître son visage. Elle secoua légèrement ses cheveux blancs pour les ôter de ses yeux gris.
- Pardonnez-moi de ne pas l'avoir fait plus tôt. Comprenez que j'aime savoir si la personne à qui je parle est digne de ma confiance. Comme vous ne semblez avoir aucun lien avec les anciens précepteurs, il me semble que vous ne soyez pas notre ennemi à tout les deux. Je me nomme Azuria Hellensar, légende des derviches. Mais... Puis-je savoir quelle est votre profession ? Je puis déjà affirmer, à moins que je ne me trompe, que vous ne voyez ni une rôdeuse ni une derviche. A l'épée que vous portez, je crois pouvoir moi-même deviner...
- Tu n'aurais pas dû, grogna Stelmar, inquiet pour la jeune fille. Tu ne la connais même pas et tu ne sais pas s'il est possible qu'elle ne soit pas de notre côté. Tu viens de mettre ta couverture à l'eau.
La derviche soupira faiblement, posant son attention sur le léopard des neiges. Elle lui adressa un regard sévère mais en aucun cas emplit de colère. Il était hors de question, néanmoins, qu'elle se laisse faire ainsi sans même répliquer quoi que ce soit.
- Sauf que, comme tu le sais, nous sommes ici pour alliance. Si je restais dissimulée derrière ma capuche, il aurait été très peu probable que quelqu'un de haut rang nous accorde une minute d'attention.

Kara avait légèrement retint son souffle en attendant de voir la réaction de cette femme dont elle ne connaissait toujours pas le nom. Quand celle-ci dit que ça ne faisait rien, qu’elle n’avait pas a regretté ses paroles elle soupira pour elle-même. Elle n’aurait pas aimé vexer cette femme si vite surtout qu’elle l’intriguait énormément. Elle adressa un petit sourire à la suite de sa réplique et fut totalement soulagé. Elle remarqua également la panthère de neiges mordiller légèrement la main de sa maîtresse comme si ça le gênait qu’elle lui révèle ça. Bah… La jeune femme comprenait facilement. Qu’elle soit digne de confiance et du bon côté, personne ne pouvait le savoir du premier coup d’œil. Elle espérait toutefois pouvoir accumuler la confiance de l’animal un jour.

Puis, la femme enleva sa capuche et Kara put la dévisager. Elle était belle et c’était le moins qu’on puisse dire. Ses cheveux étaient blancs étaient brillants et ses yeux gris attiraient le regard. Ils déposaient quelque chose de calme et serein. Puis elle se présenta, s’excusant de ne pas avoir retiré sa capuche plus tôt.

-Et bien enchantée Azuria Hellensar. C’était un grand plaisir pour moi de faire votre connaissance. Et je comprends le fait que vous n’ayez pas enlevé votre capuche plus tôt. C’est compréhensible et vous n’avez nullement l’utilité de vous excusez pour ça.

Alors elle était derviche… En l’observant bien, ça lui allait à ravir. En plus elle faisait partie des légendes. Kara la regardait d’un air plutôt admiratif. Ce n’était pas tous les jours qu’elle se retrouvait devant une personne comme ça. Le respect qu’elle lui témoignerait serait donc sans limites. Sa profession à elle ? Bien-sûr qu’elle allait lui donner et c’est vrai qu’il n’était pas difficile à reconnaître vu son accoutrement. Elle ne fut donc aucunement surprise.

-Je suis chevalier… Chevalier de la Table Ronde au service de notre ancien roi Arthur.

Cette phrase voulait tout dire : elle allait aider Arthur à revenir sur le trône et cette phrase l’insinuait plutôt bien. Mais la jeune femme avait confiance en Azuria bien qu’elle ne la connaissait pas. Peut-être cela viendrait avec le temps… Et c’était une chose qu’elle espérait… Elle entendit la panthère des neiges pousser un grognement envers sa maîtresse. Cela lui fit légèrement baissé les yeux. Bah… La confiance de l’animal à son égard grandirait peut-être mais il allait sûrement falloir être patiente.